Doit-on adopter une alimentation épicée pour lutter contre la maladie de Parkinson ?

Chaque année, le 12 avril marque la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, une occasion de sensibiliser à cette affection neurodégénérative qui touche principalement les personnes âgées, affectant près de 5 % des adultes de plus de 80 ans. La maladie de Parkinson se caractérise par un déficit du système dopaminergique et la présence de corps de Lewy, des agrégats anormaux de protéines dans les neurones, dont l’élément principal est l’alpha-synucléine.

L’agrégation de cette molécule a déjà été impliquée dans les premières phases de la maladie de Parkinson. Les scientifiques se sont efforcés de trouver des moyens de prévenir cette agrégation distinctive, de préférence avant qu’elle ne se manifeste. C’est ici que la nature entre en jeu, avec une réponse potentielle provenant des plantes, en particulier du curcuma, autrefois appelé « safran des Indes, » dont le rhizome est utilisé pour créer de nombreuses épices.

Parmi les composés du curcuma, se trouve la curcumine, déjà reconnue pour ses propriétés antioxydantes. Toutefois, on découvre que son potentiel thérapeutique ne s’arrête pas là. Selon une étude publiée dans le Journal of Biological Chemistry, la curcumine présente une forte affinité pour l’alpha-synucléine, et leur liaison empêche la protéine de former des agrégats dans les neurones.

La fonction exacte de l’alpha-synucléine chez les individus en bonne santé demeure en grande partie méconnue. En revanche, une mutation sur le gène produisant cette protéine peut accélérer son repliement et favoriser sa tendance à s’agréger avec d’autres protéines.

La curcumine remédie à l’alpha-synucléine

Déterminer la séquence des acides aminés qui composent une protéine est relativement simple, mais comprendre comment ils s’arrangent pour former une structure tridimensionnelle est une tâche complexe. On pensait autrefois que l’alpha-synucléine était une protéine intrinsèquement désordonnée, c’est-à-dire qu’elle n’avait pas de structure tridimensionnelle stable…

Dans cette étude, des chercheurs de l’Université d’État du Michigan (États-Unis) se sont penchés sur le repliement spatial de l’alpha-synucléine. En présence de curcumine, notamment à des températures élevées, la protéine adopte plus rapidement une structure en tétramère qui la stabilise et réduit son inclination à former des agrégats avec d’autres peptides. En limitant le temps pendant lequel l’alpha-synucléine reste dans sa forme toxique, la curcumine prévient la formation d’agrégats dangereux dans les neurones.

Alors, est-il nécessaire de privilégier une alimentation épicée pour combattre la maladie de Parkinson ?

La réponse à cette question est plus complexe. Sous sa forme actuelle, la curcumine ne peut pas franchir la barrière hématoencéphalique, qui protège le cerveau contre les pathogènes, les toxines, et certains composés actifs. Elle ne peut donc pas cibler directement l’alpha-synucléine in vivo. Les chercheurs suggèrent plutôt de développer des médicaments ayant des propriétés thérapeutiques similaires pour réparer les protéines défectueuses. Cependant, même si un tel traitement devait voir le jour, il est peu probable qu’il puisse guérir tous les symptômes de cette maladie multifactorielle. Il semble que, pour la maladie de Parkinson, il n’existe probablement pas de remède universel ou miracle.

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