Pourquoi chez les humains les femmes sont-elles plus petites que les hommes ?

Quel que soit la ville, le pays ou le continent, c’est une observation facile à confirmer : les femmes sont plus petites que les hommes. En France, par exemple, la taille moyenne de ces dames atteint aujourd’hui 1,63m quand celle des hommes avoisine les 1,75m, d’après l’INSEE. Au Danemark, les femmes sont plus grandes avec une taille moyenne de 1,69m mais elles ne rattrapent toujours pas les hommes et leur 1,83m moyen.
En Chine, la taille moyenne des femmes avoisine 1,58m quand celle des hommes atteint 1,70m. Bref, il existe partout dans le monde, une nette différence de taille entre les deux sexes (15 centimètres en moyenne). Mais comment expliquer une telle inégalité physique ? C’est la question à laquelle s’est intéressée la réalisatrice Véronique Kleiner, auteur du documentaire diffusée le 24 janvier sur ARTE, « Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes ? ». Pour trouver la réponse à cette question cruciale, la réalisatrice s’est livrée à une grande enquête auprès d’une quinzaine d’experts travaillant aux quatre coins du monde. Médecine, biologie, zoologie, anthropologie, sociologie ou encore ethnologie, tous oeuvrent dans des domaines différents mais chacun détient une pièce du puzzle capable d’élucider cette question cruciale.
La croissance, un processus variable
Cette différence de taille entre les deux sexes est ce que les spécialistes appellent le dimorphisme sexuel de taille. Or, s’il nous apparait naturel pour l’espèce humaine, il n’en va pas de même pour d’autres animaux.
Chez certains comme la baleine bleue, c’est même l’inverse, c’est la femelle qui est plus grosse que le mâle. Comment donc expliquer que ce ne soit pas le cas chez l’espèce humaine ?
Pour le comprendre, il faut repartir à la base de ce qui fait notre taille : la croissance. Ce processus est influencé par un grand nombre de facteurs de nature différente et notamment génétique. Ce n’est plus un secret : si vos parents sont grands, vous aurez plus de chance d’être vous aussi de grande taille.
Une observation qui laisse suggérer le rôle de certains gènes dans la taille. Pourtant, à l’heure actuelle, les scientifiques ignorent quels gènes sont exactement impliqués. Si certains ont été identifiés, ils ne permettent d’expliquer que 5% de la variabilité de taille observée. Il est donc encore plus difficile d’expliquer génétiquement la différence existant entre les femmes et les hommes.
De toute façon, les scientifiques en sont certains désormais, la génétique ne fait pas tout et l’environnement joue aussi un rôle primordial dans la croissance des individus, avec des impacts à plus ou moins long terme. Des études menées précédemment ont montré que l’alimentation, les conditions de vie (notamment le travail) et la santé étaient autant de facteurs importants pour la croissance.
En cas de famine par exemple, l’organisme aura tendance à laisser ce processus de côté pour privilégier d’autres plus essentiels comme le fonctionnement du cerveau. Aussi, la croissance est loin d’être un processus fixe et encore moins d’un sexe à l’autre. Une grande taille avantageuse ?
Selon le pédiatre endocrinologue Jean-Claude Carel, interrogé dans le documentaire, les garçons grandiraient en moyenne plus longtemps que les filles. Mais ceci n’explique pas pourquoi.
Les hommes bénéficieraient-ils d’une mutation active absente chez les femmes ?
On l’ignore. D’après les spécialistes, la grande taille des hommes pourrait s’expliquer par le fait qu’elle leur prodigue un avantage, comme c’est le cas chez certains animaux. En effet, une grande taille s’avère chez certains, bénéfique pour survivre face à des adversaires ou pour se reproduire avec plus de femelles. Toutefois, dans le documentaire de Véronique Kleiner, les spécialistes écartent savamment ces hypothèses une à une. Si l’homme est grand, ce ne serait pas plus pour affronter ses adversaires que pour se reproduire davantage.
Pourtant, les femmes semblent effectivement préférer les hommes grands, selon les études. Le problème, d’après Jean-Michael Plavcan, paléoanthropologue, est que l’homme n’est pas un sujet facile à observer. « De tous les primates, l’homme est sans doute le plus difficile à étudier parce que nous mentons et nous nous accouplons en privé, ce que ne font pas les autres animaux. Il est très difficile pour un scientifique d’étudier notre sexualité et ce qui oriente nos choix de partenaires », explique t-il. Un problème pris à l’envers Il n’est donc pas non plus aisé de savoir pourquoi les femmes préfèreraient les hommes plus grands.
La vérité est que tous les modèles expliquant une différence de taille chez les animaux ne fonctionnent pas chez l’homme, d’après les scientifiques. Une constatation qui amène à une réflexion : et si le problème était pris à l’envers ? La question ne serait alors pas pourquoi les hommes sont plus grands mais pourquoi les femmes sont plus petites. Retourner le problème permet de se rapprocher de la solution de l’énigme.
Pour les scientifiques, les femmes ont tout intérêt à être grandes. En effet, dans la nature, une grande taille confère aux femelles de meilleurs capacités pour être mère. Cela leur permet de garder plus longtemps leur bébé, de bénéficier de plus d’énergie pour s’occuper de lui et de le protéger.
Chez l’espèce humaine, la taille importe particulièrement au cours de la gestation et de l’accouchement. Du fait de notre bipédie et de notre gros cerveau, l’accouchement est plus difficile chez l’espèce humaine que chez la plupart des mammifères. Ainsi, nous montrons la plus forte mortalité maternelle de tous les mammifères. Et plus la femme est petite, plus le risque augmente.
Les chercheurs estiment qu’une femme de moins d’1,50m a deux fois plus de risques de mourir en accouchant. Heureusement, les progrès de la médecine ont permis de faire baisser cette mortalité dramatique. Une question d’alimentation Mais alors si c’est un avantage, pourquoi les femmes restent-elles toujours plus petites que les hommes ?
La raison se trouverait dans l’alimentation, et plus précisément dans l’accès à la nourriture, selon les spécialistes interrogés dans le documentaire. Pendant des millénaires, la femme est entrée en compétition avec l’homme pour se nourrir. Ceci a donné naissance à une discrimination alimentaire, où les hommes s’alimentaient davantage que les femmes. Cet accès limité aurait logiquement restreint, et restreindrait encore aujourd’hui, la croissance de ces dernières. Car ce qui était autrefois une question de survie semblerait être aujourd’hui devenu un ordre social « systématique », une sorte « d’inégalité imposée ».
« Une domination qu’on ne remarque pas tellement elle va de soi », explique le documentaire. Culturellement, on penserait naturellement qu’un garçon a davantage besoin de manger qu’une fille, qui sera elle plus soumise à la privation que ce dernier. Un système particulièrement observé dans les contextes de pénurie : d’après la FAO, les femmes souffrent deux fois plus de malnutrition que les hommes dans le monde. Cette inégalité qui perdure depuis des millénaires s’exprimerait alors à travers cette différence de taille. Une théorie plutôt convaincante qui répond à un certain nombre de questions. Toutefois, ce facteur ne serait probablement pas le seul à entrer en jeu, le dimorphisme sexuel de taille chez l’espèce humaine reste donc loin d’être totalement élucidé.
Regarder le fascinant documentaire « Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes ? »

Source : http://www.maxisciences.com/

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