La phytothérapie promet de nombreux bienfaits : mieux dormir, résister aux infections, voire guérir le cancer. Mais est-ce une poudre de perlimpinpin ou un pouvoir thérapeutique sous-exploité ? Faisons le point.
Hypertension et Feuilles d’Olivier : Une Alternative Naturelle
Une étude clinique en double aveugle a comparé l’efficacité anti-hypertensive de l’extrait de feuille d’olivier à un médicament standard dans le traitement de l’hypertension artérielle de stade 1. Après 8 semaines, les résultats ont montré une diminution significative de la pression artérielle dans les deux groupes. „Il y a un potentiel énorme dans la nature“, souligne le Dr Jean-Michel Morel, généraliste et enseignant en phytothérapie. Il a observé des stabilisations prolongées chez ses patients souffrant d’hypertension modérée grâce à l’utilisation de l’huile d’olive. Rien d’étonnant, puisque nombre de nos médicaments proviennent des plantes : le saule pour l’aspirine, la pervenche de Madagascar pour ses vertus anticancéreuses, ou encore l’arnica et l’ortie.
Quels Maux Peuvent Être Soignés par les Plantes ?
„Les maladies fonctionnelles chroniques, les infections urinaires, les migraines, les problèmes articulaires, et les petits maux du quotidien tels que la rhinite, les affections ORL ou cutanées, les troubles digestifs,“ liste le Dr Bérangère Arnal, responsable du DU de phytothérapie à l’Université de Paris 13. Elle recommande également, en collaboration avec des oncologues, des plantes comme le desmodium adscendens pour atténuer les dommages hépatiques causés par la chimiothérapie, ou le gingembre confit pour soulager les nausées. Cependant, il ne s’agit pas de remplacer systématiquement les médicaments chimiques par les plantes. „Les plantes contiennent des systèmes complexes de molécules, il est impossible d’obtenir les fortes concentrations d’un principe actif spécifique nécessaires pour traiter des pathologies graves,“ rappelle le Dr Morel.
Précautions et Interactions Nocives
Naturel ne signifie pas sans danger. Les centres antipoison en France recensent entre 6 000 et 7 000 intoxications par an dues aux plantes, souvent par surdosage ou interactions nocives avec des médicaments. Par exemple, l’ail et le ginseng, connus pour leurs vertus anticoagulantes, peuvent provoquer des hémorragies s’ils sont pris en complément de l’aspirine. L’éphédra, associée au café, a causé des crises cardiaques et des AVC. La société américaine d’anesthésiologie recommande d’éviter ces plantes avant une intervention chirurgicale. Certaines plantes, comme le bouleau, sont contre-indiquées pour les personnes en insuffisance rénale. Les allergies croisées sont aussi à surveiller : une personne allergique au pollen de marguerite devrait éviter l’échinacée.
Les 5 Règles d’Or de la Phytothérapie
- Réservez la phytothérapie à des maux sans gravité : rhume, troubles digestifs, problèmes de sommeil ponctuels. Consultez si les symptômes persistent.
- Ne combinez jamais plusieurs plantes sans conseil médical. Informez votre médecin de toute prise de plantes, surtout en cas d’intervention chirurgicale ou de traitement médicamenteux.
- Prudence pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants de moins de 12 ans. Demandez toujours conseil.
- Respectez les doses prescrites. Les plantes contiennent des principes actifs qui peuvent être dangereux à haute dose.
- Évitez les achats sur Internet. Préférez les sources sûres pour garantir la concentration en principes actifs.
La phytothérapie offre des solutions intéressantes pour certains maux, mais elle doit être utilisée avec précaution et sous conseil médical pour éviter les risques d’interactions et de surdosages.