«Mur pipos 2K17». C’est le nom du fichier Excel dont Lyon Capitale et Le Progrès révèlent aujourd’hui l’existence. Selon les deux sites d’actualité lyonnais, qui ont pu consulter le document, ce fichier répertorie les noms, prénoms, âges, adresses mail et comptes Facebook de plus de 250 étudiantes de l’EM Lyon, «dont plus de 120 font l’objet d’une notation de 2 à 19 sur 20 et de commentaires sexistes voire violents». Selon Lyon Capitale, ce document serait issu d’un groupe privé sur Facebook auquel seuls les membres invités peuvent accéder.
Des commentaires sexistes parfois violents
«Elle avait un décolleté le jour des oraux, c’était indécent», «Bimbo maquée, elle veut du c***», «Je paye toutes les soirées étudiantes à celui qui se tape les deux»: voilà le type de phrases que l’on peut trouver sur le document, d’après le site d’informations local. Des commentaires qui viseraient également l’origine ethnique ainsi que les opinions politiques des élèves.
«C’est ancré dans l’esprit de l’école. Au sein de l’EM Lyon, il y a des reporting vidéo de ce qui peut se passer en soirée. Mais je ne me suis jamais sentie humiliée. Même durant les week-ends d’intégration, il n’y a pas de bizutage et il y a même plutôt des dispositifs de sécurité rassurants», explique une étudiante interrogée par Lyon Capitale. «Il s’agit peut-être d’un document fake voulant juste nuire à l’image de l’EM Lyon (…) Ça pourrait faire beaucoup de mal à certaines personnes», juge une autre étudiante citée par le site d’information.
L’école prend l’information très au sérieux
Cette information sortie en plein été ne fait pas les affaires de l’EM Lyon, déjà sous le feu des projecteurs après la révélation il y a quelques mois de plusieurs enregistrements des cours donnés par Laurent Wauquiez, chef de file des Républicains, dans l’école.
Contactée par Le Figaro, la direction de l’école indique prendre l’affaire très au sérieux. «Nous avons découvert l’existence de ce fichier par voie de presse ce matin. Nous n’en avions pas connaissance auparavant. Les faits relatés sont inadmissibles. Dès le 20 août, une procédure interne sera mise en place afin que l’on puisse y voir plus clair», communique la direction de l’EM Lyon. «Les étudiants dont l’implication serait confirmée seront convoqués en conseil de discipline», précise l’administration.
Dans un courrier envoyé au personnel ainsi qu’au conseil d’administration de l’école, Bernard Belletante, directeur de l’EM Lyon, s’est dit «très choqué par ces révélations». «De telles pratiques ne correspondent pas à notre philosophie «early maker» et à notre vision d’un monde plus responsable. Je note que cette absence d’éthique est, par ailleurs, un comportement illégal et contraire à notre règlement intérieur», a déploré le directeur général de l’établissement.
Les filles notent aussi les garçons
Ce n’est pas la première fois que des étudiants d’un établissement d’enseignement supérieur s’amusent à noter leurs camarades. En 2016, le site bestassas.com avait fait scandale. Il permettait de classer les étudiantes de première année de l’université Paris 2 Panthéon-Assas selon leur physique.
La pratique serait ainsi répandue dans bon nombre d’écoles de commerce françaises. D’ailleurs, le système n’est pas l’apanage des étudiants masculins. Selon Lyon Capitale, les étudiantes de l’EM Lyon auraient également leur groupe Facebook leur permettant de noter les étudiants de l’école. «Tout le monde rentre dans le jeu. Le groupe change d’année en année. Les groupes sont recréés chaque année avec un nouveau fichier. Donc, ceux qui étaient notés deviennent ‘noteurs’ et ainsi de suite. C’est pour ça que personne n’en parle», conclut une source citée par le site d’informations local.
Source : http://etudiant.lefigaro.fr/article/a-l-em-lyon-des-etudiantes-notees-sur-leur-physique_9e7f6160-9631-11e8-aa13-e08da54889c6/