Cette percée ouvre la voie à une potentielle réduction des listes d’attente pour les transplantations rénales, qui sont souvent très longues, conduisant malheureusement au décès de nombreux patients avant qu’ils ne puissent être greffés. Pour pallier ce problème, des scientifiques ont mis au point des embryons contenant à la fois des cellules humaines et porcines, créant ainsi des «chimères».
Le directeur de l’étude, Liangxue Lai, explique : «Bien que des organes de souris aient déjà été développés chez des rats et vice versa, les tentatives antérieures de produire des organes humains chez des porcs avaient échoué jusqu’ici. Notre nouvelle méthode a permis une meilleure intégration des cellules humaines dans les tissus hôtes et la croissance réussie d’organes humains dans des porcs».
Cependant, cette avancée soulève des questions éthiques importantes. Les embryons chimériques obtenus ont été cultivés dans des conditions optimales pour les besoins des deux espèces, puis 1 820 d’entre eux ont été transférés dans des truies. Après 28 jours, les gestations ont été interrompues et les embryons ont été analysés. Parmi les cinq embryons extraits avec succès, tous présentaient des reins en développement normal, y compris les premiers ensembles cellulaires qui allaient former le lien entre le rein et la vessie. En ce qui concerne la proportion de cellules humaines par rapport à celles de porcs, les chercheurs ont constaté que 50 à 60 % des cellules rénales étaient humaines. Des cellules humaines ont également été détectées dans la moelle épinière et les cerveaux des porcs.
Bien que ces résultats soient prometteurs, il reste encore un long chemin à parcourir avant que la culture de reins humains sur des animaux ne devienne une réalité concrète.
En France, en 2022, 5 494 greffes de rein ont été réalisées, contre 5 276 en 2021, soit une augmentation de 4 %. L’Agence de biomédecine précise que parmi les greffes réalisées à partir de donneurs vivants, 533 ont été enregistrées en 2022, contre 522 en 2021, dont 511 greffes rénales avec donneurs vivants. L’insuffisance rénale, qu’elle soit due au diabète ou à d’autres maladies, demeure la principale raison des transplantations rénales. L’Inserm souligne que la transplantation améliore la survie des patients et leur permet de retrouver une vie normale. Malgré sa complexité initiale, cette procédure finit par coûter moins cher à la société qu’une dialyse à vie.