Le 13 mars, le Gouvernement ferme les portes des écoles, collèges, lycées et universités. La question de la continuité pédagogique se pose pendant quelques jours. Mais comment assurer l’enseignement quand tout le monde est confiné, enfermé à la maison. Si pour certains, la visio-conférence prend le relais sans problème, comme dans les classes préparatoires, pour d’autres, la mise en place est plus lourde, notamment dans certaines universités.
Dans ces circonstances, de plus en plus d’étudiants se sentent abandonnés à eux-mêmes avec peu de ressources pour étudier dans de bonnes conditions. Selon une étude réalisée par l’Unef à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 29,2% des étudiants ne disposent pas d’un micro-ordinateur avec une connexion internet satisfaisante.
Après les cours, les évaluations sont aussi menacées. De nombreuses universités ont reporté la date des partiels à une date encore inconnue. D’autres ont simplement annulé les examens de fin d’année, au profit d’autres formes de notation : contrôle continu ou service à domicile.
La semaine passée, dans un article publié sur le Club Mediapart, l’Unef a fait campagne pour l’annulation des examens en face à face et leur remplacement par des devoirs „sans télémonitorage et sans délais indicatifs“. Le syndicat des étudiants a également demandé que tous les étudiants obtiennent une note minimale de 10 sur 20. Un dispositif qui permettrait à chacun de valider ce second semestre et d’éviter ainsi un „échec en masse“, selon leurs termes.
Incapables de faire face au manque d’information, de nombreux étudiants remettent en question la valeur de leur diplôme. Sera-t-il reconnu ? Les United et les Fage, deux syndicats d’étudiants, sont en désaccord sur la question. Le porte-parole du premier doute sérieux sur la crédibilité des diplômés de 2020 et craint l’arrivée sur le marché du travail de ces promotions étudiantes. Quant à la présidente de la seconde, elle estime que ce n’est pas seulement l’examen terminal qui valide ou non les compétences acquises, le contrôle continu peut aussi rendre les diplômes crédibles.
Les diplômes de 2020 auront-ils une valeur ? NON : Clement Armato, représentant de l’organisation étudiante, Unite (Union nationale interuniversitaire)
La crise sanitaire que nous connaissons est une situation totalement sans précédent pour les universités, elle va remettre en cause la valeur des diplômes. En effet, les universités ont fermé jusqu’en septembre, une „continuité pédagogique“ difficile à mettre en œuvre en raison de la fracture numérique mais aussi et surtout de l’incapacité de nos universités à disposer d’outils numériques performants, la suppression des présentations partielles et la mise en place d’examens à distance rendront suspectes les notes obtenues dans de telles conditions d’attribution.
Les pétitions qui circulent et qui demandent la suppression des partiels ou une moyenne de 10 pour tous, sont des demandes récurrentes de l’Unef et de Solidaires (fédération des syndicats étudiants français de la gauche radicale) puisqu’elles le revendiquent après chacun de leurs blocages universitaires…
Ces demandes, au-delà d’être totalement absurdes et de représenter un véritable nivellement, sont avant tout non réglementaires. Il faut rappeler que toute note (10/20, 15/20) ne peut être donnée par défaut, ni à un enseignement, ni à un semestre. Une note doit être une évaluation d’un travail effectué. Un jury doit délibérer sur les notes qui lui sont soumises par les enseignants sur la base des copies des étudiants. Si une note a été attribuée sans s’appuyer sur une copie de l’examen la justifiant, la décision du jury peut être contestée pour des défauts techniques et de fond devant un tribunal administratif.
En outre, l’introduction de ces dispositions pénaliserait les étudiants issus de milieux modestes en premier lieu et serait synonyme de „diplômes à prix réduit“ par rapport aux années précédentes mais aussi à venir.
Source : https://start.lesechos.fr/