Quand l’armée américaine planchait sur une ‘bombe gay’

Dans les années 1990, l’armée des États-Unis a exploré l’idée de créer une arme chimique non conventionnelle visant à induire l’homosexualité chez ceux qui y seraient exposés. Cette initiative, s’alignant étrangement sur le mantra «faites l’amour, pas la guerre», envisageait le déploiement d’une «bombe gay». L’objectif était de disperser des substances puissantes ayant des effets aphrodisiaques, potentiellement en changeant l’orientation sexuelle des soldats ennemis pour qu’ils perdent leur combativité au profit de l’attraction mutuelle.

Le projet a été détaillé dans un document intitulé «Produits chimiques importunant, embêtant et servant à identifier les ‘méchants'» qui sollicitait un financement de 7,5 millions de dollars pour le développement de cette arme atypique. Parmi d’autres propositions, une concernait l’usage de produits chimiques pour attirer et agressiver des animaux vers les ennemis, et une autre, l’application de substances marquantes mais non mortelles sur les individus.

La proposition a été sérieusement prise en compte par le Pentagone, qui l’a soumise à l’Académie nationale des sciences en 2002 pour évaluation. Le département de la défense a confirmé l’examen du projet, en soulignant son engagement dans la recherche et le développement d’armes non létales pour soutenir les forces armées. Cependant, le projet n’a jamais été concrétisé.

L’initiative a valu au Laboratoire Wright, basé à Dayton, Ohio, le prix Ig Nobel de la paix en 2007, un prix parodique récompensant les efforts insolites ou triviaux dans la recherche scientifique. Le laboratoire n’a pas accepté l’honneur avec gratitude, choisissant de ne pas participer à la cérémonie de remise des prix. Ce prix a été partagé avec d’autres recherches singulières de cette année, incluant une étude sur les effets secondaires de l’ingestion de sabres et l’extraction de l’arôme de vanille à partir de fèces de vache.

Cette histoire illustre un chapitre singulier de l’ingénierie militaire américaine, où l’innovation a flirté avec l’absurde dans le cadre de la quête incessante de moyens non conventionnels pour dominer ou déstabiliser l’ennemi.

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