À la recherche d’espoir pour combattre la maladie de Parkinson, les scientifiques explorent de nouvelles voies, sachant que la plupart des molécules testées jusqu’ici se sont révélées inefficaces dans l’arrêt de la progression de la maladie. Dans cette quête de solutions novatrices, des chercheurs de l’université de Tel Aviv ont peut-être trouvé une réponse prometteuse, et curieusement, elle se trouve dans les chewing-gums.
Une Découverte dans les Chewing-Gums
Au cœur de cette recherche se trouve une molécule presque biblique : le mannitol. À l’origine, le mannitol est extrait du frêne à fleurs (Fraxinus ornus), également connu sous le nom de frêne à manne. Le sirop obtenu de cette plante rappelle la manne, la nourriture miraculeuse des Hébreux lors de leur exode dans le désert, comme le mentionnent l’Ancien Testament et le Coran. Cette molécule est synthétisée non seulement par le frêne à fleurs, mais aussi par des bactéries, des champignons, des algues et d’autres plantes. Bien que l’homme ne puisse pas produire naturellement ce composé sucrant, les chimistes ont découvert comment le synthétiser artificiellement.
Le mannitol est couramment utilisé comme édulcorant dans les chewing-gums sans sucre et certaines confiseries. De plus, il a été approuvé par plusieurs agences sanitaires pour son action diurétique, aidant à éliminer l’excès de liquide du corps et à réduire les pressions internes, notamment au niveau du crâne. Une caractéristique notable du mannitol est sa capacité à traverser la barrière hématoencéphalique, une structure qui protège le cerveau des toxines et des agents pathogènes.
Un Rôle de Chaperon pour le Mannitol Mais ce n’est pas tout.
Le mannitol semble également jouer le rôle d’un chaperon au niveau moléculaire. Dans les cellules, les chaperons sont des molécules qui veillent à ce que les protéines nouvellement synthétisées adoptent la conformation tridimensionnelle correcte, nécessaire à leur fonctionnement. Cette étape est cruciale car une mauvaise conformation des protéines peut entraîner des maladies, comme c’est le cas pour la maladie de Parkinson.
Dans cette affection neurodégénérative, une protéine appelée l’alpha-synucléine se forme de manière incorrecte et s’accumule dans les neurones d’une région spécifique du cerveau appelée substantia nigra, provoquant finalement la destruction des cellules nerveuses et des troubles moteurs.
Les chercheurs ont entrepris d’étudier si le mannitol pourrait empêcher la formation de ces agrégats d’alpha-synucléine. Leur étude a été présentée lors de la conférence annuelle de la Genetics Society of America qui s’est tenue à Washington entre le 3 et le 7 avril. Les résultats ont montré que le mannitol pourrait être une piste intéressante, bien que des recherches complémentaires soient nécessaires pour mieux le comprendre.
Des Mouches drosophiles «Guéries» de la Maladie de Parkinson Les mouches drosophiles ont été utilisées comme modèle animal pour étudier l’effet du mannitol sur la maladie de Parkinson. Des mutations chez ces mouches peuvent provoquer une pathologie similaire à la neurodégénérescence observée chez l’humain. Les chercheurs ont évalué les capacités de locomotion de ces insectes en observant leur capacité à grimper sur une surface verticale sur une distance de 1 cm en 18 secondes.
Ces expériences ont été menées pendant 27 jours consécutifs. Les résultats ont montré qu’environ 72 % des mouches normales réussissaient l’épreuve, tandis que seulement 38 % des drosophiles mutantes y parvenaient, révélant ainsi l’ampleur de leurs troubles moteurs. Cependant, les mouches nourries avec du mannitol dès leur stade larvaire ont atteint des scores presque normaux, avec un taux de réussite d’environ 70 %. De plus, les analyses cérébrales ont révélé que les agrégats d’alpha-synucléine avaient diminué de 70 % par rapport aux drosophiles malades non traitées au mannitol.
Cependant, il est important de noter qu’il reste un long chemin à parcourir entre la réussite de ces tests sur des mouches mutantes et le traitement efficace de la maladie de Parkinson chez les humains. La prochaine étape consistera à évaluer les effets du mannitol sur des souris, une étape cruciale avant d’envisager des applications cliniques.