La Chine va attribuer d’ici trois ans 18 000 bourses supplémentaires à des étudiants africains

Ils sont actuellement 5 000 à profiter des largesses de Pékin, et quelque 10 000 autres étudiants venus du continent noir suivent des cours dans l’Empire du milieu.

Parmi eux, Samir. Cet étudiant soudanais est arrivé en Chine en 2011 grâce à une bourse du gouvernement chinois. Après avoir suivi un cursus en sciences économiques, il s’est lancé dans les affaires et travaille désormais dans l’import-export à Yiwu, une grande ville du sud de Shanghai, sorte de supermarché de l’Afrique, où tout se vend et tout s’exporte.

« Issus de la classe moyenne africaine »

« C’est à Yiwu que l’on retrouve le plus d’anciens étudiants africains, nous explique Viola Rothschild, une chercheuse américaine qui travaille sur le profil de ces étudiants boursiers et raconte ses expériences au quotidien sur son blog. En raison de l’abondance de produits à vendre à Yiwu, de l’environnement plus collégial que compétitif, on y retrouve nombre d’anciens étudiants africains. Ils choisissent souvent cette ville d’1,2 million d’habitants pour se lancer dans les affaires. »

Pour eux, bien sûr, la maîtrise des codes culturels et de la langue est un avantage et certains, comme Samir, s’en sortent bien. « Ces étudiants-entrepreneurs ont entre 24 et 35 ans, explique Viola Rothschild. La plupart travaillent parallèlement à leurs études. Ils sont issus de la classe moyenne africaine et, à ce titre, ils vont à l’encontre des clichés qui ont cours en Chine et qui veulent que les Africains soient pour la plupart pauvres et peu éduqués. Ces étudiants-là ont des relations dans le domaine politique et dans le monde des affaires. »

Mais la vie de ces étudiants africains en Chine n’est pas toujours un long fleuve tranquille. « Le plus difficile, c’est le racisme, explique un jeune Congolais. La plupart des Chinois nous regardent de travers. Au début, cela a été compliqué pour moi. Mais peu à peu, j’ai appris à accepter cette situation. Je sais que ce n’est pas de la méchanceté. Simplement, l’Afrique est pleine de clichés pour les Chinois. Ils doivent apprendre à nous connaître. »

« Beaucoup de stéréotypes »

« Les Chinois ne font pas la distinction entre les Africains, les Afro-Américains ou les Afro-Caribéens, précise Viola Rothschild. Les Chinois appellent toutes les personnes noires du nom de hei ren. Il y a beaucoup de stéréotypes les concernant qui vont de leur force physique, à leurs talents de danseur, en passant, bien sûr, par la violence. »

« Certes, il y a un choc des civilisations et on comprend que nous sommes différents des Chinois, explique Samuel Okouma Mountou, conseiller chargé des affaires culturelles de l’ambassade du Gabon en Chine, en 2008, et auteur de La vie des étudiants africains en Chine. Seuls les étudiants africains qui sont bien préparés s’en sortent. Pourtant, bon nombre d’entre eux vont tout faire pour s’adapter aux nouvelles réalités du pays d’accueil. Ils vont apprendre la langue chinoise, et aussi une autre façon d’aimer dans une société à la fois lyrique et stricte. Dans l’Empire du milieu, avoir un diplôme à la fin du cursus universitaire est non seulement bon pour le moral des étudiants africains mais c’est également une réussite de la coopération sino-africaine. »

Sébastien Le Belzic est un journaliste installé à Pékin depuis 2007, où il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la « Chinafrique » et des économies émergentes.

Source : http://www.lemonde.fr

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