Pour les étudiants en médecine nantais de 6ème année, la coupe est pleine. Depuis hier et jusqu’à vendredi, une centaine d’entre eux a décidé de se mettre en grève pour protester contre leurs conditions de formation, et en particulier contre celles d’organisation des épreuves classantes nationales informatisées, anciennement appelées «épreuves d’internat».
Retour sur les événements. Fin juin dernier, comme 8000 autres externes de France et d’Union européenne, les étudiants en 6ème année de médecine à Nantes passent leurs épreuves classantes nationales informatisées (ECNi). Un examen ô combien important, puisqu’il détermine la spécialité et le lieu d’études des futurs internes pour les trois à cinq années à venir.
Deux épreuves annulées aux ECNi 2017
Et comme les autres candidats, ils subissent deux annulations successives d’épreuves: un sujet jugé «très similaire à l’une des épreuves des ECN tests de l’année 2016» et un autre déjà présenté lors d’une conférence de préparation des ECNi à Lyon. Ces reprogrammations d’épreuves déclenchent une vague d’indignation chez les candidats, qui se surnomment la «promo fiasco», et plus largement dans le monde médical.
Dénoncant une «situation humainement désastrueuse», l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) est reçue par les ministres de l’Enseignement supérieur et de la Santé. Lors de ce rendez-vous sont pris des engagements salués par le syndicat, mais apparemment insuffisants pour calmer la colère de certains futurs médecins, et notamment à Nantes.
«Nous revendiquons la suppression des ECN»
Les 98 étudiants grévistes déclarent ainsi «soutenir» plusieurs revendications de l’ANEMF, mais veulent y rajouter des requêtes supplémentaires pour l’année prochaine, parmi lesquelles une création de sujets inédits pour chaque année, une composition des sujets par plusieurs experts au lieu d’un seul, la publication d’une correction officielle des épreuves…
«Au delà des ECNi 2018, une réforme du second cycle est nécessaire», réclament les grévistes, qui estiment que «ces ECNi 2017 ont finalement été l’apothéose désastreuse d’un système d’apprentissage basé ni sur l’entraide ni sur la bienveillance mais sur la compétition et l’individualisme». Au menu de leurs desiderata figure notamment la suppression des ECN et de «toute méthode de classement lors du passage au troisième cycle».
«Les étudiants ont du mal à s’intégrer»
Les protestataires, qui ont choisi soit de ne pas du tout travailler pendant la semaine, soit de porter un brassard «en grève», demandent également, à plus long terme, le «renforcement d’un compagnonnage bienveillant» des médecins chargés de les former, l’augmentation du contrôle continu au cours de la formation, la création et l’harmonisation entre les facultés d’une aide psychologique et la revalorisation des salaires des externes.
«À l’hôpital, les étudiants tournent beaucoup, ont du mal à s’intégrer à l’équipe et ont parfois un sentiment de manque de reconnaissance. C’est là dessus qu’il faut qu’on travaille», confirme à France Bleu le docteur Eric Bord, vice-président de la commission médicale d’établissement au CHU de Nantes, où une commission visant à améliorer les conditions de travail des étudiants sera mise en place en septembre.
source :le figaro